Les récits de communication dans la vie professionnelle

En tant que coach narratif, je m’intéresse au discours des gens, à la façon dont les gens se forgent une histoire sur leur parcours, sur des situations quotidiennes.

Le coaching en général est une théorie de la communication et s’intéresse aux messages cachés derrière le discours de façade.

Je vais illustrer ce que je viens de dire par deux exemples.

Si vous prenez le cas d’un décideur qui est invité dans un média, vous constaterez comme moi qu’au-delà des chiffres sur les indicateurs clés, sur les perspectives, sur une décision forte qu’il va donner à l’intervieweur ; il va à un moment ou à un autre proposer un récit alternatif.

Vous observerez comme moi qu’il peut même, au bout de quelques phrases, dévier d’une question précise sur des faits à un discours corporate qui généralement tourne autour de la mission de l’entreprise, de sa contribution à des actions d’intérêt général qu’ils relient aux valeurs de sa société (actions en faveur de la transition écologique, parrainage d’une association, création d’une fondation dédiée à une cause noble par exemple sur la recherche médicale, mécénat d’artistes).

Ce qui est souvent plus subtil, c’est que ce type de dirigeant dépasse le cadre de son discours visant à valoriser l’image de marque de l’entreprise sur le plan éthique.

Certains dirigeants semblent aligner la vision de l’entreprise avec les missions de leur poste. On peut ainsi considérer qu’ils se sont appropriés les valeurs de leur entreprise qu’ils considèrent comme une communauté.

De nombreuses personnes dans leur vie professionnelle se racontent une histoire spécifique sur leur métier, certains moments de leur parcours qui leur ont plu voire des anecdotes qui leur tiennent à cœur.

Ce sont des récits multi histoires car ils combinent aussi bien des faits, des histoires de savoir faire comme des moments de vie sur leur carrière.

Ce qui s’avère spécifique à chacun, ce sont les mots et expressions utilisés. Dans la matrice de l’approche narrative, il est considéré que ces mots et expressions disent quelque chose de nous.

Un autre exemple, ce pourrait être un salarié qui considère son organisation (entreprise ou fonction publique) comme une institution de pouvoir. Son récit peut être forgé par une adhésion syndicale et les valeurs de ce syndicat. Pour autant, on peut avoir là aussi un récit multi-histoires, des histoires se combinent. Dans ce cas précis, on peut avoir le récit de la défense des droits, de la défense d’un savoir-faire, l’attachement à des lieux de production ou à un autre site (siège social…) autrement dit l’attachement à la culture de l’entreprise (comme l’exemple du dirigeant précédent) alors que ce salarié peut considérer que ses intérêts sont divergents par rapport à l’équipe de direction ou d’actionnaires s’il y en a. Dans le cas d’un syndicaliste par exemple dans un contexte de suppression de postes, derrière les expressions de colère se cachent et s’expriment aussi parfois le récit d’une vie de travail ou ressort souvent la fierté, des mots et expressions qui évoquent là-aussi sa contribution à l’entreprise. Quoi qu’en pense, des syndicats (et ils sont divers), les syndicalistes évoquent souvent comme les décideurs une vision, des valeurs de leur organisation considérée là encore comme une communauté. Ici, le message caché c’est ce récit de culture d’entreprise, de fierté en arrière-plan de la défense des droits. Ce que je dis des syndicalistes est valable également pour les salariés non-syndiqués.

En résumé, plusieurs récits explicites ou moins visibles accompagnent la vision qu’ont les salariés (de différents statuts) de leur place et de leur vie professionnelle. Ces récits sont multiples et s’expriment dans un contexte social précis. Pour autant bien que s’inscrivant dans un environnement et une histoire singulière, ils ne sont pas figés car chacun a un récit de son parcours professionnel qui dit quelque chose de lui.